Burundi : Combattre les pots de vins sans plan de guerre ?

Alors qu’une lueur d’un vrai combat contre les pots de vins se dessine aux plus hautes sphères du gouvernement du Burundi, la trajectoire reste  encore nuageuse quant à la stratégie nationale de lutte contre la corruption. La  Parole en Action pour le Réveil des Consciences et l’Évolution des Mentalités (Parcem) plaide pour un plan de guerre

Préoccupée par les drastiques conséquences de la corruption sur le développement au Burundi, plusieurs voix crient au casse-pipe de la corruption au moment où l’opération piétine à tous les niveaux. Dans un atelier d’échanges tenu par la Parole en action pour le Réveil des consciences et l’Évolution des mentalités en date du 06 Mai 2025  sur l’utilité de la stratégie nationale de lutte contre les pots de vins et les principales priorités qui pourraient en faire partie dans les enceintes de City Hill Hôtel en Mairie de Bujumbura  , Journalistes, hommes d’église, leaders des partis politiques et des spécialistes juridiques respirent le même air. « C’est  au sommet de l’administration que le ton doit être donné  et le reste ne fera qu’exécuter les ordres », ont-ils indiqué.

En pleines conséquences de la corruption au Burundi, toutes les parties de l’opinion citoyenne appellent à des réformes profondes au combat de la corruption. Cependant, certains leaders des partis politiques s’inquiètent de la gestion toute exclusive d’un seul parti de presque tous les services nationaux. « Aussi longtemps que  tous les services resteront  entre les mains d’un seul parti politique au pouvoir sans un avoir des partis d’opposition à côté pour contrer certaines pratiques, les choses iront toujours mal. », dénonce  GABRIEL BANZAWITONDE, Président du Parti APDR Abanyamahoro, présent dans l’atelier. Selon ce leader du parti  APDR, les parlementaires d’un même parti politique ne peuvent pas se contredire.

Comptant sur les nouvelles forces de la  jeune génération juge plus digne et sans culpabilité aux affaires de corruptions, certains des hommes politiques souhaite un changement du pouvoir en place. « Si c’est mon propre gré, tout le pouvoir en place devrait partir et  laisser place aux jeunes d’aujourd’hui  sans tâche et qui détient l’énergie fraiche pour bâtir un pays exempt de corruption de grande ampleur comme on le vit aujourd’hui », indique Gabriel Banzawitonde, président du Parti APDR. Celui-ci  fait savoir  que les jeunes  nouvellement employés imitent  les pratiques  corruptives de leur prédécesseur comptant   le nombre de véhicules, de maisons, ou des millions qu’ils acquis au cours de leur prestations en service fonctions.

Dans un monde compétitif où  chaque pays court à avec le développement, Faustin Ndikumana Directeur National du Parcem souligne qu’aucun pays au monde ne peut décoller économiquement si il a un niveau élevé de corruption sachant que dans ces conditions  la lutte contre la pauvreté devient de plus en plus impensable et inimaginable. Et d’ajouter,  « C’est  dans l’optique de  préciser les priorités de la stratégie nationale de lutte  contre le fléau de la corruption  et d’associer l’action citoyenne dont les médias et autres partenaires de la société civile  pour que leur participation soit effective et que leur rôle de vigilance citoyenne soit renforcée dans un pays où le niveau de corruption est tellement élevé  risquant d’annihiler tous les efforts de développement qui seront engagé. », explique Faustin Ndikumana Directeur nationale du Parcem.

Alors que le Burundi est dans sa première année de la vision du Burundi, un pays émergeant en 2060 et un pays développé en 2060, Faustin Ndikumana Directeur national du Parcem avertit que si l’on ne renforce pas la bonne gouvernance et la lutte contre la corruption, la vision ne se transformera qu’en un simple slogan ou tout simplement un épais dans l’eau. Dans ces conditions,  a-t-il ajouté, si nous voulons des moyens pour le développement, pour bien gérer ces moyens et les affecter rationnellement, pour mobiliser les investissements directes étrangers et les appuis des bailleurs de fond, pour nommer des hommes qu’il faut à la place qu’il faut et  pour avoir des ressources humaines compétentes  capables d’engager des réformes profonde, tout cela dépend de cette stratégie nationale de lutte contre la corruption.

A quelques jours  du projet de loi portant budget général de l’État pour l’exercice 2025-2026 par l’Assemblée générale et le Sénat, le directeur national du Parcem appelle aux deux chambres de représentants de ne pas toujours  se laisser  inactives face aux  cas flagrants d’une autorité coupable de mauvaise gestion des deniers publiques.

 Quelles priorités pour la stratégie nationale pour la lutte contre la corruption ?     

Considérant l’échec des précédentes stratégies anti-corruptives telles que la politique de tolérance zéro amorcée par Feu Nkurunziza Pierre, l’ancien Président du Burundi, les  participants à l’atelier doutent du sort de la récente stratégie nationale de lutte contre la corruption malgré les discours virulents du chef d’Etat aux coupables de corruption sans effets visibles. Considérant les moyens financiers sacrifiés lors des réunions des participants et de l’expertise pour la conception des documents liées à ces stratégies, certains des experts proposent quelques priorités de décision dans la lutte contre la corruption. « Qu’il soit un ministère, une agence ou une commission, le pays a plus besoin d’un organe national de lutte contre la corruption au Burundi », indique MASABO MICHEL, Professeur et Consultant dans le domaine de droit.  Selon ce dernier, la sensibilisation sur la corruption à l’échelle nationale, la mise en œuvre de la loi et les sanctions, la promotion de l’intégrité dans tous les secteurs surtout à l’école et autour du feu, le déploiement d’un système anti-corruption dans l’ensemble des services publics, le renforcement de la coopération internationale et l’établissement d’une liste noire des entreprises et des individus jugés corrompus au monde en seront les plus grandes priorités pour la lutte contre corruption.

Quel est le rôle des hommes d’église dans la lutte contre la corruption

Dans un pays où la majorité des populations sont des chrétiens, certains des participants à l’atelier d’échange sur les priorités de la stratégie de lutte contre la corruption suggèrent que les hommes d’Église ou des chrétiens  devraient s’occuper des institutions de lutte contre la corruption. Malheureusement, certains participants redoutent que les chrétiens soient parmi les corrompus.  Sans toutefois nier l’implication des chrétiens, les hommes d’Église présents à l’atelier s’expliquent. « Bien que nous prêchions maintes fois aux  grands publics et que beaucoup d’entre eux acclament, les bons seront toujours aux côtés des mauvais d’où des chrétiens corrompus existent. », indique Abbé Sadith Kenemana, Secrétaire Adjoint de la commission épiscopale pour  les laïcs, la Vie et la Famille. Celui-ci souligne qu’il existe déjà plusieurs séances sur les conséquences drastiques de la corruption, l’Abbé Sadith Kenemana, citant la parabole de Jésus sur un gestionnaire malhonnête, explique  que le mal existera aussi longtemps que le diable existe.

Les participants à l’atelier d’échange sur les priorités de la stratégie nationale de lutte contre la corruption indiquent qu’il faut introduire des cours de lutte contre la corruption dans les écoles primaires, secondaires et universitaires sachant que tous les cadres du pays sont passés par le banc de l’école.

Nduwayezu Juldas